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histoire.

Après avoir affirmé que cette pièce était évidemment l’œuvre de la plume des ennemis des églises du désert, Paul Rabaut rendait hommage au zèle du commandant de la ville et château d’Alais, qui avait fait arrêter un catholique fredonnant ce couplet ; après s’être ainsi défendu, le pasteur ajoutait le passage suivant, où il glissait une défense incidente, mais assez adroitement amenée, des assemblées religieuses : « Si nous faisons des assemblées religieuses, ce n’est ni par mépris pour les ordres de Sa Majesté, ni pour cabaler contre l’État. C’est uniquement, Dieu nous en est témoin, pour obéir à nos consciences, pour rendre au Seigneur nos hommages de la manière qui nous paraît lui devoir être plus agréable, pour nous instruire de nos devoirs et nous exciter à les remplir. Loin que cela soit contraire au bien de l’État, il nous paraît en être le plus solide fondement. »

Partout cependant, en dépit de toutes ces menées, les églises continuaient leurs assemblées. Les réformés de la Guyenne furent toutefois moins maltraités que ceux du Dauphiné. Le chevalier Aubert de Tourny, conseiller et maître des requêtes, était alors intendant 1745.
21 février.
de la généralité de Bordeaux. Il se conduisit quelque-fois avec rigueur, mais souvent aussi avec une justice plus éclairée que celle de ses collègues. Peu de mois après le synode national de 1744, les protestants de Bergerac tinrent, aux environs de la ville, une assemblée, qui fut très-nombreuse, et où tout se passa dans le plus grand ordre. M. de Tourny avait eu avis de la convocation ; il manda le jour même trois habitants de Sainte-Foi, qu’il interrogea et qu’il se contenta de réprimander. Il paraît que ce magistrat voulut imposer, par un déploiement de forces militaires. Il envoya, cinq jours après, à Sainte-Foi, quinze brigades