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furent condamnés à mort par contumace (arr. du 9 juin 1745). De plus, ce juge ordonna que, le jour de l’exécution, sur la place de Saint-Girons, les livres concernant la religion réformée, saisis chez les condamnés, 1744.seraient brûlés par le bourreau.

Nous avons vu précédemment que les calomnies qu’on avait répandues contre le ministre Roger avaient eu un fatal succès. Il y en eut d’autres non moins extraordinaires, dont il faut dire quelques mots, comme fournissant un singulier exemple de l’esprit du temps. Elles s’adressèrent cette fois à Paul Rabaut. Au même mois d’août, lorsque le synode national venait d’être tenu, on répandit dans la province un espèce de cantique que l’on accusait les réformés de chanter dans leurs assemblées. Ces stances, fort peu patriotiques, étaient intitulées : « Cantique nouveau pour demander à Dieu, dans les assemblées particulières, l’heureux succès des armes britanniques, sur le chant de la passion. » Le contenu répondait au titre. Quelque nouvel ennemi, plus perfide encore que celui qui avait fabriqué les faux édits de tolérance, avait rimé ce chef-d’œuvre de méchanceté[1]. On apprit une autre nouvelle fâcheuse, qui étonna et qui n’inquiéta pas moins. Dès l’année 1738, le duc de Richelieu, qui commençait alors avec tant d’éclat sa double carrière de capitaine et de courtisan, avait été nommé lieutenant général du roi en Languedoc. Il y figura plusieurs fois, avec ostentation, aux états de la province. On rapporte même que ce fut le don que lui firent les églises, d’un régiment de dragons de Septimanie, au commencement de la guerre de la succession d’Autriche, qui lui procura, à Versailles,

  1. Voyez ce cantique cité. Mém. hist. de 1744, p. 228.