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p. 20, 21, Mss. P. R.)[1]. Nous reproduirons d’autres détails sur cette affaire déplorable, en racontant d’après des mémoires plus étendus, le récit de la prise et du martyre du ministre Desubas.

Avant cette scène désastreuse, l’intendant de Montpellier avait condamné aux galères le sieur Issoire, pour vente de livres à l’usage du culte, et aux galères perpétuelles Antoine Roux, médecin à Saint-Ambroix, pour avoir lu publiquement l’Écriture Sainte dans une assemblée. (Arr. des 17 août et 13 décembre 1745.)

Nos pièces nous ont fait connaître l’immense placard-affiche de l’une de ces dernières procédures, dans laquelle il s’agit d’une certaine masse de librairie protestante, expédiée au midi du royaume, de Genève et de Lyon, en consignation à Guillaume Issoire, meunier à Nîmes. Il faut avoir le courage de se plonger dans cette lecture, pour se faire une idée des procédures inouïes entamées à ce sujet par le conseiller et chevalier Lenain, baron d’Asfeld, intendant du Languedoc, et ses assesseurs, président et juges-mages au siège de Montpellier. Les papiers que les juges noircirent à cette occasion forment une liste énorme. Les livres protestants avaient été avisés Tonneaux de poix blanche et noire. Le tout se termina par une condamnation de trois ans de galères contre Guillaume Issoire, « dûment convaincu d’avoir introduit dans cette province des livres à l’usage de la religion prétendue réformée. » De plus, par une singulière extension d’autorité, le même jugement ordonna qu’une partie de l’expédition serait brûlée à Lyon par le bourreau (Mss. Fab. Lic.) C’étaient

  1. Le manuscrit de Castres, p. 37, donne ces détails : « Plus de trente de ces malheureux y ont perdu la vie, et un plus grand nombre y ont été blessés si dangereusement, que la plupart sont morts de leurs blessures. »