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plus difficile que celui de fondateur de secte, puisque c’était contre un enthousiasme dégénéré en fanatisme qu’il dut diriger ses premiers coups. » (M. de Vegobre. Mss. Ib.)

1715.Il paraît que, dès l’âge de dix-sept ans, Antoine Court jeta les bases de son grand dessein, quatre ans après la fin de la guerre des Cévennes. Cet esprit si jeune, mais déjà doué d’un sens profond, avait étudié le véritable état des choses en exerçant ses fonctions de lecteur et de prédicateur dans les réunions nocturnes du Vivarais. Il reconnut avec une parfaite justesse que la secte trop répandue encore des Inspirés, malgré la ferveur de ses intentions pieuses, risquait d’amener l’extinction définitive de l’Église réformée, au moins dans son ancienne organisation et dans sa forme historique. Il redoutait de voir leur effervescence s’user et s’éteindre après quelques années d’existence, et ensuite les descendants des vieux protestants nationaux se seraient trouvés sans discipline régulière, sans culte bien ordonné, et ils eussent manqué absolument de ministres instruits. Ce besoin était bien urgent toutefois, en présence de la foi catholique, de ces prêtres, qui, soutenus par la cour, employaient tantôt la violence, tantôt la séduction, pour convertir à leur dogme.

On voit donc que la guerre des Cévennes avait tout interrompu, qu’elle avait rompu tout lien de discipline, qu’elle avait dispersé les troupeaux, exilé ou fait périr les pasteurs, et, ce qui était plus fâcheux encore, qu’elle avait laissé tous les esprits en proie à toutes les aberrations d’un fanatisme aussi funeste que la persécution même. Il fallut faire renaître l’ordre du sein de ce chaos. Les constants efforts qui furent faits en ce sens et qui furent couronnés