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des églises du désert.

tégeait les lettres et les arts, auquel la grande Encyclopédie fut dédiée par d’Alembert et Diderot, et qui convoquait, à ses spirituels soupers de Neuilly, Lafare et Marmontel, Chaulieu et Voltaire. Sans doute, au milieu de ces élégants loisirs, il ne daignait jamais songer aux droits des églises du désert. On verra plus bas que l’ordre qu’il envoya ne fut que trop écouté par le parlement de Grenoble. Mais quant à l’affaire même, le parlement du Dauphiné se mit avec zèle à la poursuite d’un fantôme. Il cita, il informa, il décréta d’ajournement, et se donna mille mouvements pour constater la réalité d’une telle calomnie ; mais ce fut sans aucun succès.

Nos pièces, tant privées que synodales, eussent suffi à elles seules pour en établir l’imposture. Personne ne s’attendait alors dans les églises à une déclaration de tolérance venue de la cour. Le pasteur Roger prit le parti d’écrire lui-même une épître défensive au ministre comte d’Argenson. « J’ai cru, dit ce sage pasteur, qu’une calomnie si énorme demandait que je déclarasse à Votre Grandeur, de la manière la plus expresse, que si cette pièce supposée a existé, ce que je ne crois pas, je ne l’ai lue ni en particulier, ni dans les assemblées ; que je ne l’ai pas même vue ; et que je n’en ai rien vu que par la lettre que Votre Grandeur a écrite à ce sujet, et que l’on a rendue publique. » Le pasteur ajoutait que les réformés attendaient la liberté religieuse avec une entière résignation. Il terminait par ces réflexions, qui dévoilent assez clairement, sinon les auteurs, du moins les motifs de la calomnie : « Les auteurs de ces impostures nous noircissent pour nous rendre odieux et indignes du support de Sa Majesté : mais ce n’est pas là le seul motif de celui qui m’a accusé d’avoir