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des églises du désert.

nir les riantes solitudes du château d’Issy. Les secrétaires d’État, qui gouvernaient effectivement, quoique Louis XV mît une grande importance à faire croire qu’il voulait se passer de premier ministre, étaient d’abord le surintendant Amelot qui eut peu d’influence sur le gouvernement ; ensuite et surtout les deux frères Voyer d’Argenson. Le comte d’Argenson avait remplacé le secrétaire d’État de Breteuil au ministère de la guerre ; il déploya des talents véritables dans la guerre désastreuse de la succession d’Autriche ; il fut juste et inflexible envers les militaires ; mais sa sollicitude ne paraît pas s’être étendue jusqu’aux Français protestants, dont le sort était, il est vrai, hors de ses attributions. Ce qui est plus étrange, c’est que, pendant les terribles persécutions dans le Dauphiné et le Languedoc, le frère de ce dernier ministre, le marquis d’Argenson, esprit d’une couleur philosophique prononcée, tenait le portefeuille des affaires étrangères ; il occupa ce poste de 1744 à 1747. Ce fut pendant cet intervalle que plusieurs ministres du désert furent traînés au gibet pour avoir accompli les devoirs de leur charge au milieu de l’amour des populations. Peut-être ces faits qui se passaient sous l’administration du marquis d’Argenson, doivent-ils nous faire accepter avec quelque restriction la réputation de parfait philosophe et de secrétaire de la république de Platon, que Voltaire lui décerna si souvent dans le cours de leur longue liaison. Il est vrai qu’à partir du 10 janvier 1747, le marquis d’Argenson ne se mêla plus des affaires publiques. Nous verrons que son fils, le marquis de Paulmy, montra plus de sympathie et une justice plus éclairée pour les infortunées églises du désert.

Le comte de Maurepas se mêlait davantage du ré-