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sonnelles, avaient reconnu, par l’examen si souvent répété des lieux, l’impossibilité absolue de faire exécuter la déclaration de 1724 en son entier. Leur rôle se bornait à tâcher de saisir les auteurs des infractions les plus flagrantes. Cela fait, comme dans le cas de la belle tournée du ministre Antoine Court, ils fermaient les yeux sur ce qu’il était impossible d’empêcher. Nous avons vu que, depuis vingt ans, les assemblées synodales se multipliaient, que le culte tendait à reprendre son ancienne régularité, enfin que partout les temples abattus étaient remplacés par des assemblées qui n’avaient pour dôme que la voûte des cieux. Cet état de choses excita la sollicitude amère du clergé dominant. Aussi nous allons le voir adresser ses représentations au premier ministre en personne, après avoir essayé de trouver accès favorable auprès du gouverneur de la province. Cette correspondance offre un grand intérêt, parce qu’elle permet de juger l’état des églises à cette époque, en même temps qu’elle fait concevoir cette lutte singulière, qui alors commençait, entre des lois cruelles, invoquées par le clergé, et l’esprit d’un temps qui commençait à devenir meilleur (Copie d’une lettre écrite à Son Éminence le cardinal de Fleury. Mss. P. R.).

1737.Les curés des Cévennes, « après avoir longtemps gémi dans le secret de leur cœur sur la triste situation où se trouvent les affaires de la religion dans ce pays, » commencèrent à faire leurs représentations à leur évêque. Le prélat répondit sèchement qu’il était très-sensible à leurs maux, mais que, dans un « renversement si général des lois et du bon ordre, » il fallait s’adresser aux puissances dont l’autorité pouvait les maintenir. Par suite de cette invitation, après avoir épuisé la voie des autorités de l’intendance,