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des églises du désert.
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persécutrices, adoucissement fondé sur l’impossibilité absolue de les mettre à exécution. Cet adoucissement, la justice de l’histoire force à l’avouer, ne convenait pas au clergé. Ce qu’il appelait l’hérésie avait montré une vie très-dure et s’était obstinément conservé. Les lois les plus cruelles avaient multiplié les émigrations, et quoique cette cause, jointe à un nombre considérable de conversions arrachées à la lassitude ou à l’intérêt, eût diminué d’une manière sensible le nombre des églises, cependant il était clair que de nombreuses populations tenaient encore à ce culte, si longtemps et encore si sévèrement proscrit. La position du clergé catholique était difficile. Les condamnations n’avaient pas réussi, et toute nouvelle rigueur décidait de nouvelles émigrations. La proscription en masse n’était plus dans les mœurs du temps, outre qu’elle eût risqué d’allumer la guerre civile. Il ne restait donc au clergé que la ressource d’invoquer l’exécution des édits ; aussi des doléances rédigées en faveur de ce moyen parvinrent souvent à la cour.

Rien de plus curieux sous ce rapport que l’affaire des correspondances des curés des Cévennes et environs, excités sans doute par leur évêque, avec le cardinal de Fleury, qui se montrait alors, comme toujours, le successeur fort doux des Richelieu, des Louvois, des Chamillart, bien qu’il ait sévi à plusieurs reprises d’une manière assez vive contre les réformés. On a déjà vu que le comte de Saint-Maurice était alors intendant de la province de Languedoc, et que le marquis de La Fare, comme commandant, le secondait dans ce poste délicat. Le comte, ainsi que ses subdélégués Daudé, Caveirac et les autres magistrats, quelles que fussent d’ailleurs leurs vues per-