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teur reviennent dans cette épître, à cet endroit où il s’écrie, en parlant des protestants qui s’obstinaient à rester dans les églises du désert : « La plume nous tombait des mains, toutes les fois que nous la prenions pour leur déclarer, que nous n’avions d’autre direction à leur donner, que celle que le Saint-Esprit donne lui-même à tous ceux qui sont dans leur cas : « Sortez de Babylone, mon peuple, de peur qu’en participant à ses péchés, vous ne participiez à ses plaies. » (Apoc, 18. 4.)

Il est clair que les motifs de Saurin étaient louables, et qu’ils durent occasionner de violents conflits dans une âme aussi fervente. Il était, pour ainsi dire, partie intéressée dans la question. Ses ouvrages étaient proscrits en France. Nous verrons plus tard que l’intendant du Languedoc fit brûler une masse considérable de volumes d’un orateur sacré, qui honorait à la fois et sa province et sa patrie. Sa foi ne pouvait consentir à approuver que des églises restassent dans un pays où elles étaient contraintes à mille actes d’hypocrisie, tandis que l’exil leur eût assuré, à elles et à leur foi, la possession d’un culte public et tous les bienfaits de la liberté de conscience. Mais on conçoit qu’il se trouva des Français, et en grand nombre, auxquels l’absence rendait tout le reste amer. D’autre part, Saurin ne pouvait ignorer qu’en conseillant aux fidèles du désert le devoir indispensable du culte public, il risquait d’attirer sur eux de nouvelles persécutions. La cour, redoutant sans cesse les assemblées des religionnaires, les eût poursuivis d’autant plus et eût d’autant plus réveillé les édits tombés en désuétude, que ces convocations auraient eu l’air de naître par suite des instigations de l’étranger. On savait les liaisons politiques de Bas-