Page:Coquerel - Histoire des églises du désert, Tome 1.djvu/260

Cette page a été validée par deux contributeurs.
246
histoire.

capitale (Mand. du card. de N…). Ce fut avant tout un miracle de couleur janséniste que Saurin n’eut pas de peine à signaler. Selon le cardinal de Noailles, ce prodige provint « de ce que Dieu a voulu confondre les incrédules et donner, pour la consolation des fidèles et pour la pleine conviction de nos frères réunis une preuve sensible des grandes vérités. » Mais selon l’évêque de Montpellier, janséniste persécuté comme le cardinal de Noailles, ce miracle avait été fait pour consoler l’église catholique dans ses membres affligés ; le curé de la paroisse de Sainte-Marguerite étant docteur de Sorbonne et des plus attachés à la cause ; « parce qu’on ne veut point recevoir les sacrements de ses mains, entre ses mains Jésus-Christ avait voulu accorder la guérison miraculeuse de la nouvelle hémorrhoïsse, » disait l’évêque dissident de la constitution papale Unigenitus. Comme il était donc incertain si le miracle était destiné à la conversion des molinistes ou des protestants, Saurin prouva facilement qu’il ne concernait personne. Ce qui est plus intéressant que cette controverse, c’est la dissertation ingénieuse où elle engagea Saurin quant à la nature des miracles et quant à l’Eucharistie.

Nous rentrerons plus particulièrement dans notre sujet en faisant connaître, d’après ces lettres, les sentiments que les réfugiés entretenaient pour la France. Leurs professions, sous ce rapport, font partie de l’histoire des réformés français. Nous citerons leurs paroles d’autant plus volontiers qu’elles fournissent un tableau consolant. Après tant de malheurs éprouvés en France par ceux des réformés qui s’expatrièrent comme par ceux qui ne purent s’y décider, on éprouve quelque joie à voir le sort heureux de ceux au moins que la Providence avait recueillis sur des bords hos-