Page:Coquerel - Histoire des églises du désert, Tome 1.djvu/221

Cette page a été validée par deux contributeurs.
207
des églises du désert.

ministres français des églises du désert, et qui leur ont inspiré et le courage et la prudence de ces périlleuses fonctions. Dans les premières années de la fondation, outre les professeurs Salchli et Besson, il faut mentionner au premier rang de ces bienfaiteurs des églises persécutées de France, le savant professeur et pasteur Alphonse Turettini, l’une des lumières de l’église protestante de son temps, homme de profond savoir et d’une charité non moins profonde, qui s’occupa toute sa vie à rallier les diverses branches de la réformation. Ce fut ce savant et l’archevêque Wake, sollicités par les instances d’Antoine Court, qui eurent la plus grande part à l’établissement du comité genevois et à la fondation du séminaire de Lausanne. Le pasteur Turettini se donna des collègues pour cette œuvre, et jusqu’à sa mort, survenue en 1737, il ne cessa de veiller sur les communautés persécutées de la France. Ami de Basnage et de Newton, respecté par Bossuet et par Mallebranche, correspondant de l’illustre bibliothécaire florentin Magliabecchi, et de plusieurs prélats romains célèbres par leur science, ce digne pasteur, qui jouissait d’une considération étendue dans l’Europe entière, doit être également cher à Genève et à la France. Bizarre destinée des choses terrestres que de voir un archevêque anglais succédant au siège d’où Cranmer avait passé sur le bûcher, et un descendant de la noblesse lucquoise chassée d’Italie au temps de la réformation, s’unissant pour fournir une académie dotée et savante aux jeunes ministres des églises françaises du désert.

Après ces premiers bienfaiteurs, il faut rappeler les noms de M. Ami Lullin, professeur d’histoire ecclésiastique à l’académie de Genève, qui se distin-