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des églises du désert.

un but fort louable, et qui partaient principalement du haut et bas Languedoc, et encore plus des Cévennes, ces convocations si fréquentes de synodes, qui portaient le nom de nationaux, quoiqu’ils ne représentassent que quelques provinces, toutes ces mesures très-fortes pour le temps parurent un peu imprudentes aux églises de quelques autres lieux. 1730.Les synodes écrivaient bien à quelques communautés en les exhortant à se soumettre, et à faire paraître que non-seulement elles avaient de justes idées du bon ordre, mais encore, qu’elles en étaient les vrais observateurs ; celles-ci, appréciant leur position spéciale, transmettaient leurs remontrances en échange des lettres synodales. On peut puiser, dans ces observations plus ou moins critiques de plusieurs églises, quelques données utiles pour apprécier l’esprit du temps. Ainsi, dès la renaissance de l’organisation ecclésiastique, les églises du Languedoc avaient pris l’initiative, précisément parce que le théâtre de la guerre était aussi celui de la foi la plus courageuse. Il résulta de la position que cette province, si renommée par son zèle et par ses malheurs, excita en quelque sorte la jalousie des autres, soit qu’elle ait pris, comme nous venons de le voir, des mesures un peu vigoureuses, et par cela même imprudentes, soit qu’elle affectât quelques prétentions de supériorité d’ailleurs assez naturelles. Ce dernier point fut toujours l’un de ceux où les églises de France se montrèrent le plus sensibles. En quelques circonstances qu’elles aient vécu, toute tentative de prééminence, soit d’un corps, soit d’un homme, les blessa vivement ; les divisions qui se renouvelèrent un assez grand nombre de fois dans leur sein pendant ce siècle, ne paraissent pas en général avoir eu une autre cause.