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des églises du désert.

la fondation du séminaire de Lausanne, établissement qui devint une ressource des plus précieuses pour les églises persécutées. Cette fondation marcha de front avec les premiers travaux qui furent entrepris, lors de la renaissance du culte. À peine les églises se furent-elles reconnues et comptées, que leurs pasteurs songèrent à peupler les rangs du ministère de sujets instruits. La position des populations, le fanatisme si nouvellement assoupi, les lois cruelles qui demandaient chez les pasteurs tant de fermeté et tant de prudence, tout se réunissait pour rendre les fonctions pastorales aussi graves que difficiles. L’avenir des églises réformées de France dépendait donc du succès de ce plan. Ce fut encore le pasteur Antoine Court et ses premiers collègues qui eurent l’honneur d’une si importante entreprise, dont la nécessité leur apparut dès leur entrée dans la carrière. On désire connaître les premières démarches qui furent faites à ce sujet, les obstacles qu’il fallut vaincre et les puissances qu’on dut songer à se concilier. Parmi les appuis que ce projet rencontra, nous devons citer en première ligne le gouvernement de Berne, à qui Lausanne ressortissait, et aussi quelques hommes zélés dans la cour d’Angleterre, surtout l’archevêque Wake, dont la mémoire mérite la reconnaissance des protestants français[1]. On va juger, par le précis rédigé par Antoine

  1. William Wake, savant théologien anglais, homme conciliant et plein de douceur, fut promu, en 1716, au siège archiépiscopal de Cantorbéry. Ce fut lui qui essaya, de concert avec le savant docteur en Sorbonne, Dupin, de mener à fin l’impossible projet de la fusion entre les églises anglicanes et romaines. Il avait accompagné à Versailles comme chapelain l’envoyé extraordinaire, lord Preston, en 1682 ; il put juger les mesures préparatoires à la révocation de l’édit de Nantes, et ce fut dans ce spectacle qu’il puisa sans doute l’intérêt pour les protestants français, qu’il montra plus tard au pasteur Court.