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des églises du désert.
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tions exaltées par leurs souffrances mêmes, et dont presque toutes les familles comptaient quelque membre qui avait été puni à cause de l’évangile.

En rentrant dans la série des faits historiques dont ces réflexions nous ont écartés, il faut reconnaître que dans la vaste province du Languedoc et le district montagneux des Cévennes, les églises s’étaient ralliées et s’étaient retrouvées nombreuses et zélées. Elles présentaient encore des masses importantes de population dix-huit ans après la paix d’Utrecht et la cessation définitive de la dernière guerre de religion. Cependant, là où les fidèles abondaient le plus, c’étaient surtout les pasteurs qui manquaient ; non que les lois capitales qui pesaient sur eux et dont plusieurs furent victimes à cette époque et plus tard, fussent la cause de leur petit nombre ; au contraire, on voit sans cesse que les synodes étaient plutôt embarrassés du nombre de ceux qui se présentaient, puisque chaque assemblée prit quelques mesures pour interdire ceux qui s’offraient sans garantie et sans autorisation. Si le zèle d’un peuple aigri par tant d’intolérance, et aiguisé par l’oppression, peut revivre tout à coup, ce dut être une œuvre et plus difficile et plus lente que de lui fournir des pasteurs instruits, dont la science répondît au zèle, et qui appuyassent leur vocation des ressources et des moyens d’action d’une éducation soignée, en juste rapport avec la délicatesse et la gravité des devoirs de leur charge. Ainsi seulement le fanatisme pouvait être guéri sans retour. Mais en France, et dans l’état de la législation concernant les religionnaires, la fondation d’un séminaire pastoral était une entreprise à laquelle personne ne pouvait raisonnablement songer. Il paraît que cette question d’une si haute impor-