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des églises du désert.

Louis XIV, à voir reparaître l’inquisition de cet intendant farouche, qui avait peuplé les galères de protestants et désolé le Languedoc de combats et de supplices. Ce fut un malheur que cet obstiné vieillard ne vécut pas assez, pour voir ses lois homicides succomber sous l’impossibilité de leur pratique, sous l’indulgence forcée des magistrats, et sous l’indignation d’un siècle aussi corrompu que le sien, mais d’une corruption moins dévote et moins impitoyable.

Lorsque l’édit de 1724 fut rendu, le duc de Bourbon, gouverné par la marquise de Prye, était premier ministre en titre. Fleury, l’évêque de Fréjus, était membre du Conseil ; il assistait à toutes les délibérations les plus secrètes, et il continuait en réalité la charge de précepteur du roi, même après sa majorité. Phélypeaux de Saint-Florentin était ministre de la maison. Tonnelier de Breteuil tenait la direction de guerre. Fleuriau d’Armenonville avait les sceaux, pendant l’exil volontaire de d’Aguesseau à sa terre de Fresnes. L’évêque Lavergne de Tressan était le directeur des mesures religieuses du duc de Bourbon. Ce fut ce prélat, qui devint plus tard archevêque de Rouen, et dont le neveu, académicien caustique et brillant militaire, rajeunit en français nos vieux romans de chevalerie et les riantes fictions de l’Arioste. On ne comprend guère comment les salons de son oncle, rendez-vous de toute la belle société du Palais-Royal, auraient pu laisser passer sans critique des projets aussi peu chevaleresques que ceux de l’édit de 1724, qui semblait inspiré par le génie de Philippe II. Ce fut une bien légère expiation de tant de calomnies contre les églises réformées que la traduction véritablement classique qu’a donnée de nos jours le dernier descendant de cette maison, l’abbé de Tressan, d’un des ou-