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par un tel convertisseur. » Voilà des tableaux qu’on ne se lasse pas de citer.

Il ne faudrait point penser toutefois que la position des réformés, leur sort, les rigueurs de la législation qui les opprimait, et les moyens de la faire cesser, n’eussent pas été pris en sérieuse considération par le régent. Ce prince éclairé concevait mille projets utiles que sa faiblesse et sa soumission aux influences d’autrui rendaient absolument stériles. Saint-Simon nous a encore conservé des détails, aussi curieux que naïfs, concernant les vues de Philippe d’Orléans à l’égard des réformés et de tous ceux qu’on enveloppait sous le titre général de nouveaux convertis. Dès la première année de la régence, un assez grand nombre de protestants avaient quitté l’étranger et étaient venus grossir le nombre de ceux qui voulaient braver les persécutions de l’intérieur. Comptant sur la tolérance, ou au moins sur un relâchement marqué dans les mesures d’oppression religieuse, ils avaient formé des assemblées considérables en Poitou, en Saintonge, en Guyenne et dans le Languedoc. Les troupes dissipèrent celles de la Guyenne, et le récit de l’expédition, transmis au conseil, fut grossi d’une circonstance sans nul doute inventée. On rapporta que les huguenots avaient été surpris sans armes, mais que des charrettes chargées de fusils avaient été saisies dans les environs. On découvrit qu’à Paris même, vers le bout du faubourg Saint-Antoine, les protestants se réunissaient pendant la nuit. D’un autre côté, le régent voyait journellement évoquer au Conseil une foule d’arrêts, souvent contradictoires, dont la confusion provenait de la complication même des édits et déclarations qui les avaient motivés. Il devenait sensible qu’il était impossible de statuer sur des ma-