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des lois, et que condamnait la discipline, fut cependant l’arme la plus habile qu’ils purent opposer à l’intolérance. Le clergé mettait son dogme sous la protection des édits les plus dénaturés ; il en résulta que foule de réformes pensèrent qu’il était légitime d’opposer la dissimulation à la tyrannie. Dès ce moment, mille plaintes véhémentes et amères déposent des angoisses des évêques, qui voyaient le troupeau protestant durer, se perpétuer, et fleurir obstinément sous le masque catholique. Nous ferons ressortir plus tard les graves résultats de cette conduite prudente. D’un autre côté, une adhésion simulée au rit des persécuteurs ne déshonorait point les fidèles, parce qu’elle était toujours suivie d’un repentir public et véritable. On vit souvent dans les montagnes du Vivarais des groupes de religionnaires, qui s’étaient laissé intimider un instant, s’adresser les plus véhéments reproches avant de fléchir le genou tous ensemble en poussant des gémissements vers le ciel. Ces rétractations ajoutaient même à la ferveur de la foi populaire. La vie extérieure et hardie de ce peuple des montagnes lui faisait goûter quelque charme dans les hasards mêmes de ces réunions proscrites. La foi se présentait à lui sous la forme d’un danger mystérieux. La simplicité de la croyance, qui dispense le culte réformé de toute pompe et de tout symbole, s’accordait bien avec ces réunions nocturnes qui, une fois dispersées, ne laissaient aucune trace de leur culte solitaire. Leurs chants et leurs prières s’accordaient sans peine avec les lieux sauvages où ils cherchaient un asile. C’était sous la voûte du ciel, et au travers des rangs d’une assemblée que la présence de ses dangers rendait plus fervente, que l’on portait, avec peine, après les chances d’une longue course, le jeune enfant