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des églises du désert.

usitée pour le culte privé, dans des localités du Languedoc où l’on ne pouvait espérer de visite pastorale. Nous en plaçons la date approximativement à l’an 1718, avant les grandes tournées et les réunions importantes qui furent provoquées par le pasteur Antoine Court. On ne pourra qu’être frappé de la simplicité et de la naïveté éloquente de ce morceau (Mss. Fab. Lic.)[1].

« Prière pour les fidèles qui lisent ensemble la parole de Dieu et un sermon, mais qui sont privés de l’exercice public de leur religion.

« Grand Dieu, que les cieux des cieux ne peuvent comprendre, mais qui a promis de te trouver où deux ou trois sont assemblés en ton nom, tu nous vois assemblés dans cette maison pour t’y rendre nos hommages religieux, pour y adorer ta grandeur, et pour y implorer tes compassions. Nous gémissons en secret, et d’être privés de nos exercices publics, et de n’entendre point dans nos temples la voix de tes ser-

  1. Cette prière fut reproduite beaucoup plus tard dans la Liturgie pour les protestants de France, ou Prières pour les familles privées de l’exercice public de leur religion, Amsterdam, 1755, page 16. Sauf quelques légères variantes qui tiennent à la naïveté du vieux style, le dernier éditeur a bien conservé le caractère de simplicité extrême. D’après une note de notre copie mss, il serait possible que ce morceau fût même du xviie siècle et de l’époque de la mort du ministre Jean Homel. Il figurait d’ailleurs très-bien dans cette liturgie à l’usage des églises persécutées, où l’on trouve le service très-touchant et triste du Jour de jeûne en mémoire de la révocation de l’édit de Nantes, qui se célébrait un des derniers dimanches d’octobre. Nous ne voulons point prendre sur nous de décider s’il faut louer ou blâmer les églises réformées de France d’avoir renoncé à ces commémorations solennelles, bien douloureuses, il est vrai, mais qui ouvrent à la piété et aux souvenirs des ancêtres une source si féconde d’émotions religieuses et d’édification. On a attribué à Saurin la prière que nous insérons ; mais ce pasteur refusa constamment de prendre part à aucune composition du culte privé, de peur de favoriser l’interruption du culte public. (Voy. État du Christ. en France, 1725. Préf., p. 25.)