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rieures entre le roi de France et ses sujets. Les alliés durent se contenter d’assurances générales et vagues. Sans doute, on leur répéta les paroles qu’avaient dites, dans les conférences de Versailles, le contrôleur général Chamillard et le duc de Beauvilliers, lorsqu’ils négociaient avec le baron d’Aygaliers, gentilhomme d’Uzès, la capitulation de Cavalier et de sa troupe. Voici les paroles du ministre d’état à l’envoyé des protestants du Languedoc : « Que ceux qui ne peuvent pas s’accommoder de notre religion prient Dieu chez eux ; on ne les ira point troubler, pourvu qu’ils ne fassent point d’assemblées. »

Un homme de guerre qui connaissait bien le Languedoc et le Dauphiné, où il avait eu le malheur de commander avec Baville, le maréchal de Berwick, ne se dissimulait pas la portée politique de ces mouvements insurrectionnels. Il disait que si les camisards eussent vécu en chrétiens, et qu’ils se fussent seulement déclarés pour la liberté de conscience et la diminution des impôts, tous les huguenots du Languedoc se seraient joints à eux. Il redoutait, dans ce cas, que la contagion ne gagnât les provinces voisines, et même que beaucoup de catholiques ne fissent cause commune avec ces libérateurs. Alors le royaume risquait d’être entièrement bouleversé, si les Anglais et les Hollandais fournissaient des chefs puissants et des subsides plus puissants encore[1]. Assurément, l’avis de ce belliqueux rejeton du sang des Marlborough annonçait beaucoup d’intelligence politique. En

  1. Mém. du maréch. de Berwick, tom. i, p. 282, publiés longtemps après, en 1798, par l’abbé Hook. Malheureusement, Lemontey, qui avait si soigneusement examiné les mémoires du temps, regarde ceux-ci comme fort suspects. Il est permis de supposer toutefois que les vues politiques du héros de Philipsbourg n’auront pas été trop altérées.