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des églises du désert.

talier. Au reste, elle seconda puissamment l’œuvre conciliatrice de Court. Ainsi, le plus illustre des pasteurs du refuge et le jeune ministre du désert s’unirent l’un et l’autre pour raffermir le patriotisme des troupeaux. Il est bien certain toutefois, que si, d’une part, les nombreuses assemblées qui se tinrent de 1715 à 1720, présentèrent de graves périls aux assistants, d’autre part, les commandants ni les intendants ne poursuivirent pas les réunions avec le zèle acharné qu’ils avaient déployé naguère. Les pièces attestent que ce fut la crainte de rallumer de nouveaux soulèvements de camisards, qui imposa plus de douceur à l’administration. Nous verrons cette crainte salutaire se reproduire sans cesse dans tout le cours du siècle, et couvrir les églises d’une sorte de protection.

Lorsque le régent s’appuya, pour la tranquillité publique, de l’intervention du ministre Antoine Court, il n’y avait pas très-longtemps que le fanatisme terrible des camisards avait jeté ses dernières lueurs. Ce ne fut réellement qu’en 1713 que les Cévennes furent calmées. Longtemps après la capitulation et la retraite de leur chef (1704), les camisards continuèrent leurs réunions, et de nouvelles révoltes désolaient encore le Languedoc. L’affreux Baville redoublait de vigilance et de supplices ; mais les prophètes retirés à Londres et en Hollande versaient sans cesse une nouvelle ardeur visionnaire dans les esprits de leurs frères persécutés. Malgré la perte de toutes leurs espérances en Languedoc, les frères s’organisaient encore à la fin de 1709, à Londres, en corps d’armée mystique, divisé à l’instar des douze tribus d’Israël, offrant le plus singulier mélange d’adeptes anglais et de noms de réfugies. Il est encore question des « deux frères Audemard et Nolibet, qui ont eu ordre de l’esprit