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à d’inutiles cabales, qui n’aboutirent qu’à l’impuissante intrigue qu’on a nommée la conspiration de Cellamare. Ainsi, le parti de l’esprit prêtre, dont Mme de Maintenon avait essayé de perpétuer l’empire, en donnant au testament de son royal époux la direction de ses vues dévotes, fut écarté.

D’autres événements d’une plus grande portée politique signalèrent le commencement de la régence. L’influence espagnole, toujours si funeste à la France, se réveilla. Poussé par l’esprit brouillon du cardinal Albéroni, Philippe V, ce petit-fils de Louis XIV, dont le trône avait été cimenté par tant de sang français, fit à son tour un rêve de monarchie universelle. Il afficha hautement ses droits à la tutelle du petit Louis XV, et tenta en même temps, par son ministre-cardinal, de soulever la France, d’enlever la Sardaigne à l’empereur, la Sicile à la maison de Savoie, l’Angleterre à Georges 1er  ; en un mot de rayer toutes les dispositions de la précédente paix. Il est probable que des projets d’unité religieuse se mêlaient à ces illusions de domination politique, grâce aux confesseurs jésuites qui entouraient le trône d’Espagne. Mais le prêtre intrigant, qui troublait l’Europe par les menées du cabinet de Madrid, se trouva en face d’un adversaire qui portait la même robe à Versailles ; c’était l’abbé Dubois, plus extraordinaire comme prêtre que comme ministre. Toutefois, les traités de la triple et de la quadruple alliance dissipèrent tous les projets d’Albéroni et de son maître. L’Allemagne, l’Angleterre, la France et la Hollande se rangèrent contre l’Espagne, dont la flotte fut engloutie sous1718. les boulets anglais, près de Syracuse. L’année suivante, l’Espagne, partout battue, accéda au traité1719. de paix, et Albéroni reçut son congé de premier