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et sans regret. Il eût voulu pouvoir donner à l’économie politique un autre nom plus convenable, et il l’eût fait sans doute s’il n’avait pas craint de donner le chance au public sur le caractère réel de ses travaux. Le nom qu’il eût adopté dans ce cas eût été celui d’Économie sociale, ou de Physiologie sociale, ainsi qu’il l’a énoncé lui-même à plusieurs reprises.

Cette dernière dénomination nous paraîtrait à nous la plus convenable, si elle ne devait pas donner lieu à de fâcheuses méprises. Le mot Physiologie serait à tous égards bien approprié à la science économique, puisqu’elle a pour objet d’expliquer le jeu des organes naturels de l’industrie. Quant au mot sociale, il ne lui conviendrait qu’autant qu’il serait bien expliqué et bien compris que ce mot se rapporte à la grande société humaine, à cette sorte d’association universelle que les rapports industriels créent entre les hommes, et nullement à la société politique, qui n’est qu’une fraction de cette grande société. Au reste, on a tant abusé du mot social dans ces dernières années, on l’a fait servir de manteau à tant d’imaginations folles, à tant de doctrines anti-sociales, anti-humaines, qu’il sera peut-être nécessaire pendant longtemps d’en éviter l’emploi dans tous les travaux sérieux.

M. Fr. Skarbek a intitulé son traité : Théorie des richesses sociales, autre nom de l’économie politique, moins acceptable que ceux qu’on vient de voir, et qu’après tout ce qui précède nous n’avons pas besoin de discuter.

Quand on a créé au Conservatoire des arts et métiers, à Paris, une chaire d’économie politique, occupée d’abord par J.-B. Say et maintenant par M. Blanqui, on l’a appelée chaire d’Économie industrielle. C’était peut-être, dans la pensée des fondateurs, un moyen de déguiser jusqu’à un certain point l’objet de cette institution ; car il semble que l’économie politique n’ait jamais été en bonne odeur auprès des pouvoirs en Fiance. Cependant, Il est permis de croire qu’on a voulu aussi, en adoptant un tel nom, donner à entendre que, dans cette chaire, l’enseignement de la science économique devrait être plus particulièrement approprié aux besoins des populations auxquelles il était spécialement destiné. Placé dans un quartier éminemment industriel, le Conservatoire des arts et métiers est surtout fréquenté par des ouvriers, des artisans, des industriels pratiques. On a cru sans doute que l’enseignement de la science devait y prendre une couleur particulière, appropriée à la localité. C’est en ce sens que le professeur y interprète sa mission.

Quoi qu’il en soit, ce nom d’Économie industrielle, officiellement imposé à une chaire publique, emprunte à cette circonstance une certaine valeur, une certaine autorité. Il a déjà servi de titre à un ouvrage rédigé sur les premières leçons de M. Blanqui par deux de ses disciples. (V. ci-après.)

Quelques hommes étrangers à la science ont encore prétendu imposer à l’économie politique le nom de Chrématistique, ou d’autres noms plus étranges encore. Mais ces dénominations mal sonnantes n’ont jamais été prises au sérieux par aucun économiste, ni même par le public.

Quel que soit, au reste, le mérite relatif ou absolu de quelques-unes de celles que nous venons de passer en revue, aucune n’a pu prévaloir jusqu’à présent sur celle qu’un long usage a consacrée. Après tout, si incorrecte que cette dernière puisse être, quand on la considère dans son sens étymologique, peut-être vaut-il mieux s’y tenir, au moins quant à présent. Il est toujours dangereux, quand il s’agit d’une science cultivée par tarît d’esprits et dans tant de lieux différents, d’altérer et de changer les dénominations reçues. Et qu’importe ici le sens étymologique ? Ce n’est pas la première fois qu’un mot est détourné, soit par l’usage, soit par l’altération même des choses auxquelles il se rapporte, de son sens primitif, et on ne voit pas que les hommes qui s’en servent se comprennent moins pour cela. S’il y a lieu plus tard de changer le nom que l’économie politique a porté jusqu’à présent, ce ne sera du moins que lorsque, les notions générales s’étant davantage vulgarisées et éclaircies, ce changement de nom sera d’avance préparé et en quelque sorte mûri

dans l’opinion publique.

Ch. Coquelin.
bibliographie.

Nous ne citons ici, dans cette bibliographie, que ceux des ouvrages économiques qui peuvent être considérés comme des traités, ou qui envisagent les questions générales et de doctrine. Quant à ceux qui n’embrassent que des questions spéciales, il faut les chercher dans les bibliographies des mots auxquels ces questions se rapportent. — Selon notre usage, nous avons suivi dans cette liste l’ordre chronologique.

Traité d’économie —politique, dédié au Boy et à la Beyne mère, par A. de Montchrestien sieur de Watteville. Rouen, <615, in-t.

Politische Diskurs von den eigentlichen Ursachen des Auf— und Âbnehmens der Slœdte, Lœnder und Republiken. — (Discours politiques sur les véritables causes des progrès ou de la décadence des villes, pays et républiques), par J.-J. Bêcher. Francfort, 4672, 6eédit., 1759. L’Économe politique, projet pour enrichir et perfectionner l’espèce humaine (anonyme), par J. Faiguet de Villeneuve. Paris, Moreau, (7G3, in-I2.

Une 2 e édition de cet ouvrage a paru en i767, augmentée de plusieurs dissertations intéressantes, dans l’une desquelles l’auteur propose la création de caisses d’épargne. La 2 e édition avait pour titre : L’Ami des pauvres ou l’Économie politique. Lehrbegriff sœmmllicher œconomischen und Kameral-Wissenschaflen. — (Traité des sciences économiques et administratives), par de Pfeiffer. Manheim, 17641778, 4 vol. in-8. Réflexions sur la formation et la distribution des richesses, par J. Turgot. Novembre 1766 et 4788. La ( « édition est tirée des Ephémérides du citoyen. Voyez l’article Turgot. An inquiry inlo the principles of political Œconomy ; being an essay on the science of domestic policy in free nations. — (Recherches sur les principes de l’Économie politique, ou essai sur la science de la police intérieure des nations libres), par sir James Stevart. Londres, 1767, 2 vol. in-4. Traduit en françai » par de Senovert. Paris, Didot aîné, 1789, b vol. in-8. Exposition de la loi naturelle, par M. l’abbé Baudeau. Amsterdam cl Paris, Lacombe, 1767, in-)2. Physiocratie, ou constitution naturelle du gouvernement le plus avantageux au genre humain, recueil de Traités du docteur Quesnay, publié par Dupont de Nemours. Lcyde et Paris, 1768, in-8. — Seconde partie : Discussion et développement de quelques notions dt l’Économie politique. L^ydoet. Paris, 1768, in-8