Page:Coquelin et Guillaumin - Dictionnaire de l’économie politique, 1.djvu/476

Cette page n’a pas encore été corrigée

410 COMPTABILITÉ COMMERCIALE. chandises. S’il en est sorti sur le compte des mar- chandises, pour une plus forte somme qu’il n’en est entré, on a gagné sur les marchandises ; s’il en est sorti pour une moins forte somme , on a perdu. Mais comment solde-t-on la différence? « On a un autre compte pour y consigner les profits et les pertes ; et si les marchandises ont produit à la vente 1 0,000 fr. , par exemple, au delà de ce qu’elles ont coûté, on rédige ainsi l’article du journal destiné à solder le compte des mar- chandises : Marchandises générales doivent à Profits kt Pertes, pour bénéfices réalisés sur ces mar- chandises, 10,000 fr. « En effet, on a confié au personnage fictif nommé Marchandises générales, non-seulement les marchandises au prix qu’elles avaient à l’ins- tant de l’achat, mais, en outre, les bénéfices résul- tant du prix qu’elles avaient au moment de la vente, puisqu’on a tenu compte à ce personnage fictif de la totalité du prix qu’on en a tiré. Il faut bien dès lors qu’il tienne compte à son tour de ces bénéfices, et il en tient compte en les ver- sant entre les mains d’un autre personnage fictif appelé Profits et Pertes, lequel à son tour les ré- partit aux associés suivant les proportions conve- nues entre eux. « Cette manière de tenir les comptes admet une foule de modifications favorables au bon ordre des affaires. Un négociant, par exemple, a dans son magasin, non-seulement des marchandises qui lui appartiennent, mais il en a qui appartiennent à ses correspondants. Ceux-ci les ont consignées entre ses mains, pour les vendre à leurs périls et risques. De là des propriétés séparées, diverses, qui peuvent avoir une marche différente- et pro- duire à des résultats opposés, selon qu’elles ont été conduites avec plus ou moins de jugement et de bonheur. C’est ce qu’il faut représenter par comptes bien distincts. « J’ai fait, par exemple, un envoi au Brésil, et j’ai chargé mon correspondant, Morales, de m’en- voyer en retour des cotons; il exécute mes ordres et me remet une facture des cotons qu’il m’a expé- diés, montant, avec les frais, par supposition, à 25,000 fr. Je l’en crédite par le débit de marchan- dises générales, c’est-à-dire que je décharge mon correspondant de cette valeur qu’il m’a transmise, et que j’en charge mon compte de marchandises générales qui va les recevoir. Mais, en même temps, ce même correspondant m’a expédié, pour son compte, des peaux de hœufs , présumant qu’elles se vendraient avec profit en Europe, où l’on use beaucoup de souliers. Son ballot entre aussi dans mon magasin ; mais il ne doit pas en- trer dans le compte de mes marchandises ; non plus que le produit de la vente que j’en fais en suivant ses intentions. Aussi, pour ces deux transmissions différentes, il y a dans mon jour- nal deux articles différents: le premier ainsi conçu : Marchandises générales doivent à Morales de Dahia, pour mon compte , Pour tant de balles de coton qu’il m’a expé- diées, suivant la facture jointe à sa lettre de tel jour . • • 25,000 fr. COMPTABILITÉ COMMERCIALE. « L’autre article ainsi conçu : Caisse doit à Morales de Bahia , pour son compte, pour tant de peaux de bœuf s qu’il m’a consignées, et que j’ai vendues pour son compte, suivant le compte de vente que je lui en ai donné par une lettre de tel jour... tant. « Il y a donc sur mon grand livre deux comptes pour Morales; l’un des deux désigné par ces mots : Morales son compte, et l’autre Morales mon compte. « Je peux de la même manière, distinguer sur mes livres les opérations qui ont rapport à cer- taines affaires, entre autres lorsqu’il me convient d’en connaître le résultat en particulier. Si j’essaie un commerce nouveau, avec la Bussie, par exemple, et si je veux connaître les résultats particuliers que j’en obtiendrai, afin de le conti- nuer au cas qu’il me soit avantageux, ou de l’in- terrompre dans le cas contraire, j’ouvre un compte à ce commerce. J’en fais un personnage fictif. Je porte à son débit tout ce qu’il me coûte, toutes les avances que je lui fais, et je porte à son crédit tout ce qu’il me rapporte ; je sais par là ce que j’en dois faire. « Il n’y a point d’armateur qui n’ouvre un compte à chacun de ses navires, et même à cha- cun des voyages de ses navires, pour en con- naître les résultats ; et comme tous ces résultats arrivent dans un compte commun, celui de profits et pertes, la multiplicité des comptes ne cause ni gène ni confusion. Il y a tel négociant qui a trois ou quatre cents comptes ouverts sur son grand livre; il n’a qu’à le parcourir pour savoir où il en est, non-seulement par rapport à chacun de ses correspondants, mais aussi par rapport à chacune de ses spéculations. « Souvent des maisons de commerce font des spéculations de concert et en commun. Elles ne sont point associées pour les autres affaires; ellefj n’en font de compte et demi qu’une seule, ou une suite d’affaires du même genre. Alors elles ouvrent chacune de leur côté, sur leurs livres, un compte à cette affaire. Elles portent au débit de ce compte toutes les avances qu’elles lui font, dans l’intérêt commun , et suivant les conventions qu’elles ont consenties. Elles portent au crédit de la spécula- tion ce qu’elle rapporte, et elles se partagent la perte ou le gain qui résulte de la balance de ce compte, qu’on nomme un compte en participa- tion, parce que chacun y participe tant pour les frais et pour les soins que pour les profits. « Les comptes courants sont des relevés qu’on fait, sur le grand livre , du compte , tantôt d’un correspondant, tantôt d’un autre. Les négociants se communiquent ces relevés, afin de se mettre d’accord sur l’état de leurs dettes et créances res- pectives. Lorsque j’envoie à un correspondant l’ex- trait de son compte, il le compare avec ses pro- pres livres. S’il a omis, s’il a mal passé, c’est-à- dire mal enregistré un article, il le rectifie; si c’est moi qui me suis trompé , il m’en avertit, ou se met d’accord sur le solde de compte que l’un des deux doit à l’autre, et quand ce solde ne se paye pas, il forme le premier article d’un compte nou- veau. « L’époque où se font les transmissions de va-