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438 COMPTABILITÉ COMMERCIALE. COMPTABILITÉ COMMERCIALE. Dent notre propriété, et en retranchant toutes celles qui cessent de l’être. Quelque formule que l’on emploie, c’est à cela que se réduisent toutes les comptabilités. Inventaire, addition de tout ce qui doit y entrer; défalcation de tout ce qui doit en sortir. « Il semble que pour connaître la situation de sa fortune, il suffise de regarder dans sa bourse, ou dans sa caisse, pour savoir ce qui s’y trouve. Cela suffirait tout au plus si l’on n’avait jamais sa fortune qu’en argent comptant, mais il n’est pres- que personne qui ne possède autre chose que des espèces. Quand on n’a ni capitaux placés, ni terres, on possède du moins son mobilier, et dans tous les cas , il faut déduire de ce qu’on a les dettes dont on est passible. En d’autres mots, l’état de la caisse vous montre bien ce que vous possédez en argent, mais non ce que vous avez sous d’autres formes. Elle ne vous donne qu’une idée imparfaite de votre situation, de vos droits et de vos enga- gements ; elle ne vous le montre pas d’un coup d’oeil et dans un tableau unique. En quelque étal de fortune que l’on se trouve, il est utile aux fa- milles de connaître exactement leur fortune et de pouvoir s’en rendre compte. C’est le premier guide qu’on doit consulter dans la conduite de son bien; c’est l’unique moyen de se faire rendre par les autres ce qu’ils vous doivent, et de ne pas leur faire tort de ce que vous leur devez. Sans doute, le soin qu’on met à tenir ses comptes n’ajoute rien à nos revenus, mais il nous rend plus présente la nécessité de redoubler nos efforts pour les amélio- rer, ou de diminuer nos dépenses pour les y pro- portionner. L’homme qui dépense plus qu’il ne reçoit, à coup sûr, dépense le bien d’autrui, soit qu’il ait obtenu ce surplus par l’abus qu’il a l’ait de leur conûance, ou qu’il le tienne de leur géné- rosité. Dans tous les cas, on se doit à soi-même, on doit aux siens , de connaître exactement sa situation. La première règle de l’économie est de tenir ses comptes, et le premier pas qui conduit au désordre est de les négliger! « Celte obligation est bien plus étroite encore pour les négociants, et en général pour les entre- preneurs d’industrie; ils ont des rapports d’intérêts avec une foule de personnes, avec des vendeurs, des acheteurs, des créanciers et des débiteurs, des préteurs de fonds, des associés, des employés, des ouvriers. Les lois le leur prescrivent, et cette intervention des lois dans les affaires privées est tellement utile en point de fait, que je ne l’ai jamais entendu blâmer en point de droit. Les livres de compte régulièrement tenus sont le seul moyen de constater les transactions, de régler les droits des créanciers en cas de faillite, de décès, ou de litige; et les tribunaux y ajoutent foi lors- que rien n’y peut faire présumer la fraude. « Les livres de compte des négociants (et tous les entrepreneurs d’industrie peuvent passer pour des négociants), leurs livres, dis-je, se tiennent suivant deux méthodes, qu’on nomme parties sim- ples et parties doubles. Un négociant qui tient ses livres en parties sim- ples couche sur un registre qui se nomme journal toutes les opérations de son commerce, à mesure qu’elles se présentent. S’il a acheté des cafés, il écrit sur son journal : Acheté tant de livres de café à Pierre, Jean ou Guillaume , à tel prix, payables dans tel temps. « C’est là le fondement de tous ses comptes. En tenant note ainsi de toutes les affaires qu’il fait à mesure qu’elles se font , le négociant est sûr de n’en pas omettre. Mais comme une liste de beau- coup d’affaires successives ne lui donnerait aucune idée de ce qu’il doit à chacun de ses correspon- dants, ni de ce qui lui est dû par eux, il relève chaque article en particulier, et le porte sur son grand livre au compte du correspondant que cette airaire rend son créancier ou son débiteur. Le grand livre peut passer, comme on voit, pour le classement ou le répertoire du journal. « Chaque compte de correspondant occupe sur le grand livre deux pages, les deux qui sont en regard. On a soin de coucher sommairement et en une seule ligne, sur la page de gauche, les affaires qui constituent le correspondant débiteur, et sur la page de droite celles qui le constituent créan- cier ou créditeur. Il suffit dès lors , chaque fois qu’on veut connaître si ce correspondant doit plus ou moins qu’on ne lui doit, d’additionner l’un et l’autre côté de son compte, et de comparer les ré- sultats. « Quand un négociant règle se» comptes avec un correspondant, ce qui arrive au moins une fois tous les ans, il réduit tout compte antérieur à un solde qui est la différence du débit au crédit, et après qu’on s’est réciproquement entendu , ce solde forme le premier article d’un compte nou- veau. « Tel est le fond de toutes les écritures d’un négociant ; mais pour mettre un plus grand ordre dans les détails de son affaire, il a plusieurs autres registres, au moyen desquels il peut se rendre compte, en détail, de chaque partie. Il a un livre de caisse qui présente sur la page de gauche toutes les recettes, et sur la page de droite tous les payements opérés à mesure qu’ils ont lieu. Cha- que jour le caissier fait ce qu’il appelle le compte de sa caisse, c’est-à-dire vérifie, après que toutes les recettes et tous les payements de la journée ont été terminés, si les espèces qui s’y trouvent se rap- portent avec celles qui ont été couchées sur le re- gistre. Il a un livre d’entrée et de sortie des mar- chandises, afin de pouvoir chaque jour vérifier de même l’existence de celles qui doivent se trouver dans son magasin, ou se rendre compte de la ma- nière dont il en a été disposé. « Les négociants ont encore un registre où sont copiées toutes les lettres qu’ils écrivent, et qui sert de contrôle aux autres registres ; parce que, excepté dansles ventes audétail, toutes les affaires qui se font se constatent par lettres. « Toutefois, vous concevez que si, par l’oubli d’un commis ou par une erreur de plume, tel arti- cle est omis, ou s’il a été mal couché, on n’est pas nécessairement averti de l’erreur. Dans la tenue des livres en parties doubles, chaque article est contrôlé par un autre article correspondant, tellement qu’il faudrait commettre deux erreurs précisément de la même somme, et qui se balan- çassent l’une par l’autre, pour qu’on n’en fût pas averti. La même méthode permet, en outre, qu’on se rende compte beaucoup plus exactement du