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disparus comme un songe, tout un peuple de fantômes se pressait autour de lui. Ils étaient sans voix et sans visage, mais après s’être penchés sur la fosse et avoir bu quelques gouttes du sang sacré, ils semblaient recouvrer la vie et ils racontaient leur histoire. Comme Ulysse, le poète est un évocateur. Toutes ces ombres que nous avions peine à nous représenter, il leur fait boire du sang, et ce ne sont plus des ombres. La poussière des siècles évanouis reprend figure à nos yeux ; nous avons la joie de contempler l’invisible, nous jouissons de la présence des absents et de la compagnie des morts.

Vous avez montré plus d’une fois, Monsieur, dans vos poèmes comme dans vos drames, que vous aviez, vous aussi, le don d’évoquer les morts et les absents, et nous vous sommes redevables d’émotions, déplaisirs dont je suis heureux de pouvoir vous remercier, en vous souhaitant ici la bienvenue.