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vent et mêmes chapeaux à fleurs. Les yeux brillants de joie, elles agitaient leurs ombrelles pour faire signe à leur père, brave homme aux gros favoris grisonnants, qui rapportait de Paris un tas de paquets. Il vous a semblé qu’il s’occupait de pourvoir son aînée, et vous avez dit :

Peut-être eût-il suffi de quitter le train là.

Mais, méprisant votre idylle bourgeoise, vous ne l’avez pas quitté et vous avez bien fait. C’était sans doute ce train mystérieux qu’on prend, comme disait Henri Heine, quand on veut devenir un homme célèbre et, pour surcroît de bonheur, un académicien. Il est arrivé, vous voilà.

Possédant le don si rare de conter en vers, vous l’avez appliqué tour à tour à de petits et à de grands sujets. Après vos tableaux de genre, vous avez peint de plus grandes toiles et témoigné de la variété de vos ressources, de la longueur de votre souffle. Qui ne connaît votre Grève des Forgerons et votre Naufragé ? Qui n’a entendu réciter dans quelque salon votre Bénédiction, l’histoire de ce prêtre qui meurt en achevant sa prière et du tambour qui éclate de rire ? Vous vous êtes essayé avec un égal succès dans d’autres genres encore. Vous n’avez pas craint d’emboucher la trompette héroïque. Le moyen âge et ses chevaliers, l’Égypte et ses pharaons, l’hirondelle de Buddha, Sennachérib, Mahomet II, saint Vincent de Paul vous ont fourni des motifs que vous avez traités avec autant d’ampleur que d’éclat.

Vous confessiez dernièrement aux élèves du lycée Saint-Louis que vous étiez dans votre enfance un assez