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un homme établi. Car, bien qu’elle fît tout à la maison, elle répétait aux voisines : « Si vous saviez combien papa m’aide !... comme il m’est utile ! » La vérité, c’est que, les trois quarts du temps, il tournait ses pouces. Mais lorsque entraient des clients pas pressés, des gamins de l’école demandant un sou de plumes de fer, ou la rôtisseuse d’en face, une bavarde à qui il fallait vingt minutes pour choisir un agenda, la petite papetière les faisait servir par le bonhomme, qui s’en acquittait lentement, maladroitement, en s’appuyant aux meubles. Et, pour qu’il ne soupçonnât pas alors la ruse délicate, sa fille feignait d’être très occupée et disait à la pratique : « Vous voyez, sans papa, je ne m’en tirerais pas... aujourd’hui surtout que j’ai à classer tous mes bouillons de la semaine, pour les hebdomadaires. »

Vous pensez bien qu’une adorable petite papetière comme celle-là, qui avait