Page:Coppée - Contes tout simples, 1920.djvu/8

Cette page n’a pas encore été corrigée

dans leur porte-monnaie et ont, quand même, une cravate fraîche. Mais pas de danger que personne se risquât à dire un mot plus haut que l’autre à la jeune personne. Elle avait l’air bien trop comme il faut. Et puis le papa était toujours là, au fond, derrière le comptoir, le papa à demi paralytique, les mains un peu tremblantes, ayant, avec ses favoris blancs, son bonnet grec et son gilet de tricot, l’air confortable d’un concierge de maison à ascenseur.

On savait, dans le faubourg, que le pauvre vieux, qui avait été autrefois garçon de recette chez un banquier et qui, depuis son attaque, ne recevait qu’un secours insuffisant de son ancien patron, aurait dû aller à l’hospice, sans sa brave et laborieuse fille. C’était elle qui le faisait vivre, qui le soignait tendrement, qui l’établissait, chaque matin, dans son fauteuil, avec du linge blanc, net comme torchette, et qui entretenait chez lui l’illusion d’être un bourgeois,