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contente. « Ah ! mon brave, mon gentil monsieur Vignol ! » Et l’on installe le berceau près de la table à écrire du romancier, et la mère Mathieu se sauve en marmottant des bénédictions. Et, resté seul avec le petit, l’écrivain se met à rire tout bas dans sa grande barbe.

« Allons ! me voilà nourrice sèche. »

Tout ragaillardi par sa bonne action, il s’installe sous sa lampe, prend la plume. Car, bigre ! ne l’oublions pas, c’est demain matin qu’il doit envoyer à l’imprimerie son feuilleton. Tout le roman est modifié par la résurrection de ce Bouffe-Toujours. Mais, ce soir, il est en train, le conteur. Son forçat, précipité du deuxième plateau de la Tour Eiffel par un élégant gredin, un vicomte descendant des Croisades et membre du Jockey-Club, attrape une barre de fer à la volée et dégringole jusqu’au quai avec l’agilité d’un ouistiti. Après-demain, il poignardera trois sergents