Leurs crimes, après tout, ce n’est pas mon affaire.
Je ne sais qu’une chose : ils ont tué mon frère !
Mon frère, ils ont tué mon frère, entendez-vous ?
Et c’est juste et c’est bien qu’on les fusille tous.
Ces feux de peloton, pour moi, sont un délice,
Une ivresse ! Et s’il faut, sur le lieu du supplice,
Quelqu’un pour exciter les soldats et charger
Les chassepots, eh bien, qu’on vienne me chercher !
Une femme ! Parler ainsi !…
Mais ces gens du faubourg, oui, ces hommes, ces femmes,
Ces enfants pour lesquels mon frère se privait,
Qui, malades, voulaient l’avoir à leur chevet,
Et dont il a, cent fois, secouru l’infortune,
Ces gens-là justement étaient pour la Commune,
Prêts à tout massacrer, prêts à mettre le feu !
Et mon Jean les aimait, pauvre agneau du bon Dieu !
Il allait tous les jours visiter leurs mansardes,
Leur apportait du pain, de l’argent et des hardes,
Leur partageait le peu qu’il possédait de bien ;
Et ce sont eux qui l’ont fusillé comme un chien !