Le ciel ! Ah ! j’attendais la banale réponse,
Le mot creux que toujours l’égoïsme prononce !
Ah ! mon frère est au ciel ! Soit ! mais il est aussi
Rue Haxo, dans l’affreux charnier, tout près d’ici,
Sanglant, défiguré, percé de vingt blessures.
Ces atrocités-là, ce sont des choses sûres.
Je ne puis distinguer de mon regard humain
Mon pauvre Jean là-haut, une palme à la main,
Mais son cadavre est vrai, mais sa mort n’est pas fausse.
Ça, c’est certain, et ceux qui l’ont mis dans la fosse,
En jetant sur son corps la glaise et les cailloux,
Enterraient ma croyance au ciel, comprenez-vous ?
Le ciel ! toujours le ciel ! Mais quand ces cannibales
Ont pris mon pauvre Jean et l’ont criblé de balles,
Il brillait, votre ciel, il était calme et bleu.
Il ne se trouble plus maintenant pour si peu,
Et c’était bon du temps de Gomorrhe et Sodome.
Le ciel ? Mais voyez donc comme il est pur, brave homme !
Et Paris brûle, et l’on s’égorge, et les pavés
De pétrole et de sang sont partout abreuvés.
Cela mériterait qu’il s’en mêlât, peut-être,
Votre ciel ! Eh bien, moi, je le hais, sœur de prêtre !
Je le hais et je brave en face son courroux !…
J’ai dit. Maudissez-moi !