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La robuste fraîcheur de ses rameaux puissants,
Tout heureux d’abriter sous ses vertes ombelles
Tant de jeunes oiseaux et de chansons nouvelles.
Là le moindre poète est utile, et tout sert
À l’admirable accord du sublime concert :
Dès qu’une voix se tait, une autre voix s’élance !
Le ciel de l’Art fut plein d’un douloureux silence
Lorsque le chant amer et tendre s’éteignit
De Musset, rossignol trop tôt tombé du nid.
Mais on ne suspend pas l’effort de la nature :
Chaque couchant prédit une aurore future,
Et l’on ne doit jamais douter du lendemain.
Comparez l’Océan et le génie humain,
Tous les deux sont régis par une loi conforme :
Après les petits flots vient une lame énorme ;
Un silence plus long suit son écroulement
Et l’eau beaucoup plus loin recule en écumant ;
Sur la grève elle s’est, en râlant, retirée ;
Mais rien ne contiendra l’assaut de la marée.
Et tu le sais, ô siècle éternellement fier
De voir l’œuvre d’Hugo monter comme la mer !

Quant à nous, ce n’est pas sans un sentiment triste
Que nous parlons ici de gloire qui résiste.
L’acteur périt avec le public qui l’aima !