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Saurait-il d’où je tiens ces bijoux odieux ?
Il se tait. Son regard me fait baisser les yeux.
Haut.
Et que voulez-vous donc enfin que je vous donne ?

ZANETTO.
Je veux un souvenir, & non pas une aumône,
Un rien, mais qui soit bien à vous. ― Tenez ! Je veux
La triste fleur qui meurt dans vos sombres cheveux.

SILVIA, lui donnant la fleur.
Hélas ! prenez. Avant que vienne la journée,
Cette rose sera, dans votre main, fanée ;
Mais je veux que sa mort vous rappelle ma loi,
Et, quand elle sera flétrie, oubliez-moi.
Adieu !

ZANETTO, s’élançant vers Silvia qui s’éloigne.
                 Madame, un mot encore ! Car je tremble
De reprendre ma route éternelle. Il me semble
Qu’il n’est plus par ici de sentier conduisant
Au bonheur, & j’ai peur de choisir à présent.
Choisissez donc pour moi. Soyez d’intelligence,
Dans cette occasion, avec ma bonne chance.
Je pars, mais je prendrai, pour me mettre en