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Vous voyez, travaillant au seuil de la maison,
Une humble & pure enfant aux yeux de fiancée,
C’est là qu’il faut borner la route commencée :
Vivez-y les longs jours calmes d’un moissonneur,
Et vous verrez, ami, que c’est là le bonheur.

ZANETTO.
Je vous obéirai. Mais pourtant cette femme,
La Silvie, il se peut aussi qu’on la diffame.
Ceux qui m’avaient parlé d’elle m’avaient fait voir
Son palais comme un lieu moins terrible & moins noir ;
Et je n’y serais pas allé, je vous assure,
Si j’avais su...
Remarquant un geste douloureux de Silvia.
                    Pardon ! Je touche une blessure.
Je devine. Tantôt, en m’arrêtant au seuil,
Ne m’avez-vous pas dit que vous étiez en deuil ?
En deuil ! On l’est surtout d’une amitié ravie.
Un frère, un fiancé, pris par cette Silvie,
N’est-ce pas ? Ah ! soyez bonne, & pardonnez-moi
De comprendre si tard, devant un tel émoi,
Que ce n’est pas mon seul intérêt qu’il épouse,
Que vous souffrez, enfin que vous êtes jalouse.