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e meute.
Mais j’entends murmurer en moi la sourde émeute
De tous mes sentiments d’orgueil & de fierté.
Et puis on dit qu’elle est d’une étrange beauté,
Qu’on respire, en vivant près d’elle, une atmosphère
Funeste. Enfin j’ai peur. Dites, que dois-je faire ?
Madame, je me fie à vous en ce moment.
Vous m’avez repoussé, c’est vrai, mais doucement ;
Vous ne vous êtes pas sans peine décidée ;
Et, je ne sais pourquoi, je garde cette idée
Que pour moi votre cœur est maternel & doux,
Que je vous intéresse, & qu’un conseil de vous
Me portera bonheur, & pour toute la vie.
J’attends votre ordre. ― Dois-je aller chez la Silvie ?

SILVIA, à part.
J’ai bien compris. Demain, il serait revenu.
Ce passant qui s’appelle Amour, cet inconnu
Dont la vue a rempli mon âme de tendresse,
C’est à moi, bien à moi, que le destin l’adresse.
C’est le bonheur qui passe, & je le chasserais !
Non. C’est trop étouffer mes sentiments secrets,
Et je veux...

ZANETTO.
                         Êtes-vous donc si peu mon amie
Que vous vous taisez ?