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qui s’appelle la bonne compagnie. Il sentait, plus et mieux qu’un autre, combien tout, dans ce milieu, — le charme des femmes, l’esprit des hommes, et le couvert étincelant, et l’ameublement de la salle, jusqu’au vin blanc velouté dont il venait de mouiller ses lèvres, — combien tout était rare et choisi ; et il se réjouissait qu’un concours de choses aussi aimables et aussi harmonieuses existât. Il était comme plongé dans un bain d’optimisme. Il trouvait bon qu’il y eût, au moins quelquefois, au moins quelque part, dans ce triste monde, des êtres à peu près heureux. Pourvu qu’ils fussent accessibles à la pitié, charitables, — et ils l’étaient très probablement, ces satisfaits, — qui gênaient-ils, quel mal faisaient-ils ? Oh ! la belle et consolante chimère de croire qu’à ceux-ci la vie faisait grâce, qu’ils gardaient toujours — ou presque toujours — cette lumière douce et gaie dans le regard, ce sourire à demi épanoui sur la bouche, qu’ils avaient supprimé, autant que possible, de leur existence, les besoins impérieux et déshonorants, les infirmités abjectes !


Celui que nous appellerons « le Rêveur » en était là de ses réflexions, quand le maître d’hôtel,