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fauteuil, et, n’ayant pas même la force de se lever pour serrer son modeste chapeau de paille, en coiffait sans façon le buste en plâtre de la République, à portée de sa main, sur la cheminée... Et cette aimable idylle avait fini en mélodrame sanglant ! Et ce doux jeune homme, père de famille avant d’être majeur, que les commères du quartier regardaient avec un sourire attendri, quand, se promenant à côté de sa femme, — une enfant presque, — il poussait devant lui la petite voiture où dormait le bébé, ce naïf poète avait commandé une bande d’ivrognes incendiaires et s’était fait tuer pour une loque rouge ! N’était-ce pas révoltant ? Oh ! l’infamie, la bêtise des rages politiques !... Et, les yeux chatouillés de larmes, le cœur battant trop fort, je fermai nerveusement le volume.

Je revis alors la couverture rouge et le nom de Polanceau.

Qu’avait-il pu dire, celui-là, le fanatique, à propos de ces chansons d’oiseau parisien ? Qu’avait-il pu y comprendre ?

Rien. Un coup d’œil rapide jeté sur la préface du député radical m’en fournit la preuve. Pas un cri jailli du cœur, pas une ligne ou tremblât l’émotion,