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il se montre amusant, spirituel, et, quand il regarde, par hasard, le miroir en face de lui, il y reconnaît son visage — celui d’un joli garçon, ma foi ! — tout radieux de santé et de jeunesse. Ah ! quelle joie de vivre !

Non ! pourtant, il a un souci. Les yeux de Mlle Thérésine évitent à présent de se tourner vers lui : elle les tient obstinément baissés sur son assiette. Pourquoi cette réserve excessive ? S’est-elle dit qu’elle ne doit pas s’intéresser à un jeune homme qui n’est point de son monde, à un artiste qui passe ; ou bien est-ce Félix qui s’est fait illusion, la dernière fois ?

Il ne le saura jamais. Demain, il part pour ne plus revenir. Mais — l’homme est si inconséquent, si bizarre ! — voilà que le convalescent épanoui est pris d’une mélancolie soudaine. Il se rappelle les beaux regards de Vierge de Murillo fixés si doucement sur lui, les beaux regards de madone et de grisette pleins de pitié et de larmes, et, pour un peu, il songerait presque :

« Décidément, je ne suis plus malade... Quel dommage ! »