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représentation de sa Nuit d’Étoiles. Et il répond, l’artiste, il s’anime, il s’abandonne. A des mots ingénus, à de gentilles plaisanteries qui lui ont échappé, on a ri, mais avec plaisir, sans ironie et sans malice. Alors il s’épanouit, il cède au besoin des confidences, il dit, avec une naïve éloquence, sa jeunesse si solitaire et si douloureuse, les joies du succès inattendu.

— « Ainsi, vous êtes tombé malade, au lendemain de votre premier bonheur, » — lui dit Mme de Pujade ; et elle a un : « Pauvre jeune homme ! » plein de bonté.

Et le vieux prêtre le regarde avec des yeux bienveillants, et lui remplit gaîment son verre.

— « Encore un peu de bourgogne, monsieur le convalescent. Cela ne peut que vous faire du bien. »

Mais ce qui réconcilie tout à fait le voyageur avec ses hôtes, ce qui lui rend la confiance, ce qui excite sa verve, c’est la présence de Mlle Thérésine. Car il s’aperçoit qu’il ne lui déplaît pas, qu’elle a doucement souri à toutes ses saillies, que ses beaux yeux noirs aux longs cils retroussés se sont plusieurs fois levés sur lui, et que — non ! ce n’est pas une illusion, il en est sûr, — il vient d’y surprendre