Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t3, 1890.djvu/72

Cette page n’a pas encore été corrigée

— « Le voici donc, — s’écrie-t-il avec un cordial accent méridional, — le voici donc, ce jeune malade qui vient demander sa guérison à notre soleil... Il fera son devoir, n’en doutez pas, mon cher enfant, et vous pourrez bientôt vous remettre au travail, nous charmer de nouveau par vos belles compositions... Mais le dîner est servi. A table ! »

En effet, la porte de la salle à manger vient de s’ouvrir. L’évêque y pénètre en marchant à côté de Mme de Pujade ; Félix offre son bras à la jolie Mlle Thérésine ; et, dès que Monseigneur a expédié le Benedicite, on attaque le potage.

Le dîner est excellent, un dîner de province, copieux et délicat ; et, après le coup du médecin, Félix, bien qu’encore un peu interloqué par les moustaches de la comtesse et la croix pectorale de l’ancien missionnaire, commence à se rassurer. C’est stupide, après tout, sa confusion et son silence ; il doit se montrer aimable, il ne veut pas laisser la réputation d’un imbécile ou d’un sauvage. D’ailleurs, le milieu dans lequel il se trouve lui semble déjà plus sympathique. Il commence à croire qu’on s’intéresse à lui. On lui parle de ce qu’il aime, de son art ; on lui fait raconter la première