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de diamants qui éclate et jaillit dans l’azur. Cette fois, il y est, dans le Midi, et pour de bon ; il peut baisser la glace, aspirer l’air chaud, regarder, avec l’étonnement de l’homme du Nord, le feuillage en demi-deuil des oliviers et les routes sèches où courent des trombes de poussière blonde. Enfin le conducteur du train annonce, en ouvrant les portières : « Perpignein !... Perpignein. » On est arrivé.

Le voyageur jette un regard aux créneaux roussis du Castillet, qui datent de Charles-Quint, et aux platanes géants de la promenade, penchés pour toujours, avec une inclinaison de cinquante degrés, par l’effort prolongé du mistral. Puis l’omnibus du chemin de fer, dont les chevaux font sonner sous leurs sabots le vieux pont-levis de Vauban, conduit rapidement Félix Travel à travers quelques rues tortueuses et le dépose à l’hôtel. Dans son impatiente curiosité de voyageur novice, le jeune homme déjeune en hâte, assis tout seul au bout de la table d’hôte, dont la malpropreté et la détestable cuisine à la graisse sont déjà bien espagnoles ; puis, après avoir vainement essayé d’amollir dans son dernier verre de vin un biscuit, qui doit dater de Charles-Quint, lui aussi,