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qu’à partir pour être guéri. Ne va-t-il pas mieux déjà ? Aujourd’hui il est resté levé assez longtemps, il a rouvert son piano, causé presque gaîment avec des amis qui le visitaient. Les forces lui reviennent, positivement. Il est en état de supporter les vingt heures d’express. Enfin ! le voilà bien commodément installé dans un compartiment de première classe, la bouillotte sous ses pieds, un plaid sur ses genoux, avec tout ce qu’il lui faut dans son sac de cuir, un roman anglais, du vin de Bordeaux, des sandwiches.

— « En voiture ! en voiture ! » crient les hommes d’équipe, sur le quai de la gare d’Orléans.

Et le docteur Damain, le vieil ami de Félix, l’embrasse, lui serre la main une dernière fois.

— « Prenez bien garde aux courants d’air... Bon voyage ! »

Le train s’ébranle, très doucement d’abord, fait résonner les plaques tournantes, puis, tout de suite, accélère sa marche, prend son furieux galop ferré. Déjà il a jeté ses gros flocons de fumée aux fenêtres des faubourgs, où sèchent des linges, il a franchi le rempart à l’herbe pelée, laissé derrière lui les jardins maraîchers de la banlieue ; et Félix Travel, essuyant de temps en temps la buée de la vitre