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là. Vous y retrouveriez les Parisiens, un tas de plaisirs et d’occasions de fatigue. Non. Ce qu’il vous faut, c’est un coin bien retiré avec du soleil, quelque chose comme la Petite-Provence des Tuileries, vous savez, où il n’y a que des nourrices et des vieux rentiers à tabatières. Ce n’est pas gai, je sais bien, pour un jeune cadet qui sort des pages et qui doit avoir envie de montrer son épaulette ; mais c’est nécessaire. Tenez ! si vous étiez tout à fait raisonnable, vous iriez à Amélie-les-Bains, dans les Pyrénées-Orientales. Un trou de montagne, presque africain, bien abrité du vent du nord ; et l’aloès pousse tout le long de la route de Perpignan. Le pays est superbe, et, sans les pantalons rouges qui sèchent aux fenêtres de l’hôpital militaire, ce serait déjà plein d’Anglais. Je suis allé par là autrefois, et j’y ai pris mon café dehors, un premier Janvier. On y vit à bon compte, ce qui est à considérer. Allez voir un peu le pic du Canigou, les gaves, les vieux ponts romains et les olivettes. Voici tout à l’heure le mois de Mars ; vous resterez là-bas jusqu’à la fin d’avril, et vous nous reviendrez tout à fait grand garçon, avec quelques refrains de contrebandiers, quelques jolies chansons catalanes... Est-ce convenu ? »