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jamais pu mordre aux Primitifs, n’y tint plus et vous ramena à Paris. Les volets du vieil hôtel, fermés depuis si longtemps, claquèrent contre la muraille, et vous fîtes votre premier dîner de retour dans la vaste salle à manger, devant le grand portrait du haut duquel le bisaïeul du comte, lieutenant-général des armées du Roi, poudré, avec le cordon bleu sur son habit rouge, et remarquable surtout par l’immense nez de la famille, semblait vous jeter un regard sévère.

Ici encore, c’est pour vous, comtesse, la solitude et la mélancolie. Votre mari est arrivé seulement — après combien d’efforts et à force de jeter de l’argent dans les œuvres charitables ! — à vous constituer une petite société de prêtres et de dévotes. Que c’est lugubre, ces robes noires des deux sexes ! Depuis six ans, vous visitez, tous les matins, des crèches et des écoles, et vous vous morfondez, le soir, dans votre loge solitaire, aux Français ou à l’Opéra. Pas d’enfant, et pas d’espoir d’en avoir jamais. Les années passent ! Et le pis, c’est que vous n’éprouvez pour le comte qu’une gratitude profonde, qu’une sincère amitié, et que vous le jugez. Oh ! un parfait galant homme, assurément, mais plein de niaiseries aristocratiques, et ennuyeux