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Oh ! comme l’orgue de Barbarie pleure lamentablement le vieil air de galop dans le crépuscule !

Que faire, après les premières semaines de la brûlante lune de miel, passées dans un village perdu au bord de la mer ? On pouffait de rire, là-bas, au Jockey ; et les femmes du monde suffoquaient d’indignation derrière les éventails. Le comte prit le bon parti ; il s’expatria pendant plusieurs années. Ah ! pauvre comtesse, que vous vous êtes ennuyée à Florence, dans ce noir palais où votre mari vous a fait élever et instruire comme une petite fille, et où vous avez subi tant de leçons et de professeurs. En femme reconnaissante, — plutôt qu’amoureuse, hélas ! — vous vouliez plaire au comte, devenir digne de lui. Mais, naturellement, il fallut du temps ; et, tout patient qu’il était, comme votre mari vous a fait souffrir avec ses continuels : « Cela ne se dit pas... Cela ne se fait pas... » toujours suivis d’un « ma chère » très sec, qui vous suppliciait !

Toutes les femmes sont éducables. « Parvenu » est un mot qui ne se dit pas au féminin. Au bout de trois ans, vous étiez une vraie comtesse. Le comte, qui bâillait dans les musées et n’avait