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équestres. Les deux virtuoses nègres ont terminé leur concert comique en se cassant leurs violons sur la tête, et le palefrenier vient d’amener sur la piste votre cheval de voltige, — vous savez bien, l’énorme et paisible cheval blanc, tacheté de noir, qui faisait songer à une dinde crue, gonflée de truffes ? Vous faites votre entrée alors, donnant la main au superbe maître de manège en habit écarlate et coiffé à la Capoul, dont vous avez été un peu amoureuse, avouez-le, comme toutes les écuyères de la troupe. Vous saluez le public d’un entrechat, et, tout de suite, d’un seul bond, hop ! vous voilà debout sur la selle en plate-forme. Un fouet claque, l’orchestre lâche ses cuivres furieux, le cheval truffé prend son petit galop mécanique, et, hop ! hop ! vous voilà partie !

Quelle olympienne créature vous étiez alors, comtesse ! Dix-sept ans, et les jambes de la Vénus du Capitole. La force et la grâce ! Une de ces beautés parfaites, comme il ne s’en obtient plus guère qu’avec les croisements de sang et les amalgames de races du Nouveau-Monde. Un murmure circulait : « C’est la belle Adah ! l’Américaine ! » Et, grisée par ce vent du triomphe, vous redoubliez vos audacieuses pirouettes.