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alliez croire que j’avais oublié mon Armand ! C’est aussi pour cela que je vous écris, afin que vous sachiez bien que je meurs avec son nom sur les lèvres.

« Madame, je me suis confessée hier. La personne à qui je dicte cette lettre a de la religion et m’a demandé de voir un curé. Depuis ma première communion, je n’étais pas retournée à l’église et les prêtres me faisaient un peu peur. Mais celui qui est venu m’a parlé très doucement et m’a dit que mes fautes me seraient pardonnées. Vous serez aussi bonne que lui, n’est-ce pas ? et vous ne m’en voudrez plus d’avoir tant aimé votre fils.

« Adieu, madame. Si j’osais vous adresser encore une prière, je vous demanderais, quand vous irez à Montparnasse, d’acheter, comme je le faisais, à la porte du cimetière, un petit bouquet de fleurs de la saison, un bouquet de deux sous, pas plus, et de le mettre sur la tombe d’Armand avec les vôtres. M. l’abbé m’a bien dit qu’on retrouverait au ciel ceux qu’on avait aimés. Mais que sait-on ? Il me semble que, tout de même, le pauvre Armand, dans son cercueil, sera content de recevoir le souvenir de sa petite amie.