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Paris, Hôpital Necker, 28 mai.

« Madame,

« Je suis bien malade à l’hôpital Necker, et si faible que je ne puis tenir la plume. Une voisine de salle, qui entre en convalescence, est assez bonne pour écrire sous ma dictée, et, quand je serai morte, seulement quand je serai morte,— mais cela ne tardera pas,— elle vous fera parvenir cette lettre.

« Je ne veux pas m’en aller sans vous avoir demandé pardon de la peine que j’ai pu vous faire. J’ai su par Armand combien vous étiez fâchée et mécontente de mes relations avec lui. Je reconnais mes torts. Vous m’aviez admise dans votre intérieur, vous aviez été très bonne pour moi, et, en devenant l’amie d’Armand, j’ai eu l’air d’abuser de votre confiance. Je comprends que vous m’en vouliez beaucoup et que vous ayez de mauvaises idées sur mon compte. Pourtant, j’espère que vous aurez pitié de moi et que vous me pardonnerez, quand vous recevrez cette lettre ; car, alors, je serai morte de chagrin. Les médecins disent que c’est le foie qui est malade. Mais, depuis la mort de mon Armand bien