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Alors c’est un triomphe pour Mme Bernard. Oui ! cent fois oui ! son premier mouvement était le bon. Elle était légitime, sa répugnance devant ces fleurs impures. Armand ! Armand ! ta mère seule t’a vraiment aimé. Elle peut bien, pour finir sa vie, pour descendre la côte, s’appuyer au bras d’un vieil ami, d’un honnête homme. Mais sois tranquille, cher enfant ! Ta tombe est dans le cœur de ta mère, et elle y tiendra toujours la plus grande place. Tandis que cette fille !... Tu vois ? C’est déjà fini, son regret. Sans doute elle a quelque autre amant. Ah ! pauvre mort, ne compte que sur ta mère pour parfumer ton éternel sommeil. Ton Henriette ne viendra plus au cimetière ; elle en a oublié le chemin.

Cependant la duchesse de Friedland revient chez Mme Bernard des Vignes, et lui dit :

— Décidément, vous me boudez, ma chère. C’est donc un parti-pris ? Je voudrais tant vous avoir, un de ces mercredis, à mon thé de cinq heures. Le général de Voris a la bonté de n’y pas manquer, et nous fait frémir avec ses histoires de pirates du Fleuve Rouge.

Et la veuve, délivrée de son dernier scrupule, répond avec un léger battement de cœur :