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Presque rien. Le petit bouquet de violettes qu’elle à encore trouvé, dimanche dernier, sur la tombe d’Armand.

Sans doute, elle a le droit de se remarier, sans être infidèle à la mémoire de son fils. M. de Voris, dont elle connaît le cœur, respecterait, encouragerait chez elle le culte du souvenir. N’importe ! Tant qu’Henriette apportera des fleurs au cimetière, Mme Bernard restera veuve. Dans cette rivalité de douleur et de constance, elle ne veut pas être vaincue.

Mais, le dimanche suivant, il n’y a sur la pierre tumulaire que les violettes de la dernière fois, toutes noires et toutes séchées. Henriette n’est pas venue renouveler son bouquet.

Ah ! quelle joie ironique et méchante Mme Bernard se sent au cœur ! Elle l’avait bien prévu ! La maîtresse d’Armand devient négligente, elle se console. Allons ! allons ! il n’y a que les mères qui n’oublient pas.

Pourtant, prenons garde de porter un jugement téméraire. Henriette peut avoir eu un empêchement, être absente, indisposée. Il convient d’attendre.

Mais un, deux, trois dimanches se succèdent, et rien, rien, toujours rien !